bon.
hier soir j'ai eu la chance d'être invitée à une représentation de théâtre nô.
c'était bien, car comme je ne comprenais rien (mais je ne sais pas si les japonais comprennent non plus), j'étais seulement attentive aux mouvements et aux sons.les musiciens et le choeur sont assis, immobiles, et font des sons très étranges avec leurs voix, des bruits d'animaux qui viennent du ventre, résonnent contre les joues. quand les tambours et la flûte s'accordent avec le martèlement des pas des acteurs, cela devient vraiment envoutant.
très impressionnée aussi par la rigidité des corps. les acteurs suivent une gestuelle très précise, ils sont entravés par les kimonos aux plis lourds, et les chanteurs restent dans des positions tendues, seules leurs bouches semblent bouger.
il y a une tension constante chez les japonais.chaque attitude est contrôlée, pas de gestes spontanés, pas de paroles en trop. même la manière dont les filles replacent leurs mèches de cheveux est extrêmement lente et précise. les vendeurs sont toujours aimables et crispés.
ça m'exaspère parfois.souvent.
et je ne sais absolument pas quand est ce qu ils se relachent.
je sais pas
je sais vraiment rien en fait
il y a un écart entre moi et les choses que je n'arrive pas à franchir.aucune sensation, aucune rencontre ne m'atteint de plein fouet, elles restent devant moi, je regarde, et point. je crois que c'est un sentiment partagé par beaucoup d'étrangers ici.
je ne crois pas que ce soit la barrière de la langue, mais plutôt une retenue constante de la part des japonais qui les "figent" loin de moi. tout comme les espaces intimes me sont absolument inaccessibles. toujours des murs, des portes épaisses, des volets fermés, et dans les lieux publics peu de liberté (pas le droit de faire demi tour dans les jardins des temples, cordons de policiers pendant les festivals, hauts parleurs qui crient comment regarder les choses - mais c'est le prix à payer pour vivre dans une ville au passé culturel si important j'imagine)
enfin, voilà.
je sais pas trop quoi penser, parce que je sais bien qu'il y a des lieux qui m'ont transportée, des moments ou je me suis sentie profondément "présente" au japon.
contradictions fatigantes.
comme les garçons japonais.ils baissent les yeux quand une occidentale arrive, on a à peine droit à un bonjour avant la fuite timide, mais ils pourront lire des revues pornos dans les supermarchés devant tout le monde sans problème.
alors oui je sais que c'est ça qui fait tout l intêret et la chance de passer plusieurs mois au japon, parce que c'est un pays qui demande du temps et de la lenteur.
mais la, j en ai un peu marre
photos: Kurama-no-hi Matsuri, fête du feu à Kurama un village au nord de Kyoto.
samedi 25 octobre 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire